De Noël à Pâques

Il y a quelques mois, la communauté a eu la joie d’accueillir un ami prêtre, qui se préparait alors à partir en mission en Thaïlande, avec les Missions étrangères de Paris. Après avoir attendu son visa pendant plusieurs semaines, il a enfin pu partir.

Je retrouve son message envoyé pour le temps de Noël… Un message qui reste bien d’actualité, dans cette montée vers Pâques, pour nous garder attentif à l’oeuvre de l’Evangile en nous. Une manière aussi d’être attentif à ce pays lointain, dont on ne perçoit que les troubles politiques actuels des grandes villes. Mais derrière, il y a la réalité des gens les plus pauvres, dans les campagnes reculées…

 » (…) Imagine à Noël un village où les maisons n’ont ni portes ni serrures. Un Noël célébré à même le sol dans des huttes de bambou et de bois, au dessus des cochons, des poulets et des vaches. Un Noël célébré dans des chapelles vieilles de quelques semaines ou quelques années, où les vêtements liturgiques qui n’ont que quelques années sont ceux des premiers apôtres de la région. Un Noël en français, en anglais, en thaï, en karen. Un Noël où, pour l’occasion, animistes, bouddhistes et chrétiens jouent au foot, au volley, dansent, mangent et chantent ensemble. Un Noël où pasteur et « catéchistes », signes vivant de la sollicitude de Dieu pour ses petites communautés, traversent le cœur léger 2 heures de jungle montagneuse en 4×4, dans la terre, l’eau et le sable, puis 1h le lendemain, puis 3 h 2 jours après… en tout, 12 Noëls célébrés dans ces conditions. Un Noël où les plus beaux cadeaux sont l’hospitalité, le riz, et l’alcool de riz pour ceux qui viennent les visiter; la vie partagée, l’amitié, la Parole et le Pain pour les hôtes. Et accessoirement, des couvertures, de la vaisselle, des images pieuses et des petits biscuits! Un Noël où, avant la messe, les visiteurs, prêtres et « catéchistes », bientôt accompagnés de la foule grandissante des chrétiens déjà visités, passent de maison en maison prier, chanter des chants de Noël et bénir les hôtes. Un Noël où la moitié de l’assemblée ne connaît pas encore les réponses aux dialogues de la messe, mais où tous viennent à genoux vénérer Jésus dans la crèche. Un Noël au sein d’un peuple accueillant, simple et ouvert, pauvre mais digne, rendu courageux et rude par le dur travail des rizières, et sage par sa proximité avec la nature; un peuple aux traditions vivantes et étonnamment ouvert à le Bonne Nouvelle de l’Evangile; un peuple soucieux de s’instruire et qui le fait grâce au courage des professeurs des écoles de montagne. Un peuple, -même si ces mots sont un peu flous-, « authentique et sans détour ». Un Noël dans un cadre naturel aussi magnifique que rude: les montagnes du pays Karen, au Nord de la Thailande, près de la frontière Birmane, au Nord de Mae Sot. Abruptes et verdoyantes, couvertes de tek, de bananiers et d’arbres inconnus (de moi), creusées par des cours d’eau qui rendent les derniers villages quasi inaccessibles à la saison des pluies. Des montagnes où, suants, on cherche l’ombre le jour, on se délecte de la brise du soir, on se réchauffe au feu le soir et à l’aube et où on s’emmitoufle de pulls et de couvertures la nuit. Des montagnes où la nuit s’illumine de cette obscure clarté qui tombe des étoiles, quand la lune joue aux ombres chinoises avec les feuilles de bananier ou les toits des huttes… Un Noël où on croit toucher du doigt que la venue de Dieu est un éternel commencement. Et que, si discrète soit-elle, elle met en mouvement des vies et des peuples. Pour en révéler la beauté. Tu imagines? tu fais bien, ça existe. Et tu fais bien, car j’avais oublié mon appareil photo!
Quant au nouvel an, je l’ai célébré dans un camp de réfugiés Karen Birmans. 50 000 réfugiés, certains depuis 20 ans. Et dans cet espace confiné, où la liberté est relative, cette parole de Paul: « Vous avez reçu un Esprit qui ne fait pas de vous des gens privés de liberté, mais des fils, des fils de Dieu.»

Merci D. pour ton engagement et ton témoignage !

DL